Arrivés à 8h aux grottes de Balme, nous découvrons les lieux avec les autres choristes, ils sont impressionnants ! Plutôt qu’une enfilade de grottes, c’est surtout une cavité centrale, plus grande qu’une cathédrale, d’où partent différents boyaux de toutes tailles. Certains se perdent dans les profondeurs et finissent en impasse ou sur un lac souterrain, d’autres font une boucle qui arrive ici ou là, vers un point de vue ou sur un autre chemin.
Maude, notre cheffe de chœur, nous répartit pour tester l’acoustique des lieux, et après quelques ajustements, nous sommes prêts à accueillir le public.
Je suis situé le long d’une rambarde, sur un escalier, face à l’immensité de la grotte ! Sous mes pieds, des escaliers tortueux se croisent, s’entremêlent, des petites lumières ici et là mettent en valeur les différents reliefs.
Notre cheffe de chœur est plusieurs mètres plus bas, et les visiteurs plus bas encore. Au-dessus de moi, de la roche ocre, des failles, des courbes, et haut derrière ma tête, un promontoire où sont positionnés les sopranes et les basses, tandis que les altos sont à côté de nous ou presque, le pupitre des ténors.
Les premiers spectateurs s’installent de part et d’autre, en nous chantons une partie de notre répertoire, parfois à 40 voix, parfois à 55 avec l’autre chœur présent.
Déjà, c’est un moment assez extraordinaire. Le tout fonctionne bien, et Maude décide alors de nous faire chanter Dies Irae, chant puissant et technique. Nous ne pensions pas le chanter ce samedi, Maude voulant préserver nos voix pour le reste du week-end, mais la magie du moment en a décidé autrement.
C’est là que j’ai pris une claque. Après une série de frissons grâce à la beauté de l’instant, nous avons entamé la partie la plus intense du morceau. Campé fièrement sur mes deux jambes, semblant dominer les lieux, habitant mon corps d’homme et donnant toute ma voix, j’ai participé à faire résonner les ténèbres et à envouter notre public. Quel enchantement !! J’ai vécu là un des moments dans une vie, où on semble se réaliser.